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La fin du siècle : de crise en crise...
Société

La société, de 1968 à la fin du XX° siècle

Les crises économiques et leurs corrolaires, le chômage et l'exclusion, pèsent lourd sur une société partagée entre l’inquiétude devant de profondes modifications, notamment économiques, la recherche d'autres valeurs que le travail et la seule consommation, notamment l’aspiration à un mode de vie plus libre. Elle hésite aussi entre repli sur soi et ouverture sur le monde.

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La courbe inexorable du chômage : de 1967 à 1983.

Un nouvel espace de travail : l'"open space".

Un hypermarché "Mammouth".

Une publicité pour l'électro-ménager.

Le monde du travail
Les mutations

 

L’effort de croissance pendant les « Trente Glorieuses » modifie considérablement l’économie. La population agricole est en forte baisse, car elle subit de plein fouet les restructurations et la planification imposées aux régions par les plans des gouvernements successifs et par les directives européennes. L’artisanat s’affaiblit, lui aussi, du fait de la production en série destinée à permettre au plus grand nombre d’acquérir des biens de consommation. Enfin, de nombreux secteurs industriels semblent condamnés, tels les mines du Nord, la sidérurgie de Lorraine ou les chantiers navals, tandis que le secteur tertiaire, les « services », sont en en plein essor, et voient l’évolution de leurs méthodes et de leurs espaces de travail, par exemple avec l’ « open space », arrivé en France dans les années 70 (Cf. Image ci-dessus). De façon générale, les tâches sont davantage parcellisées, les entreprises fusionnent, s’affilient parfois à des « multinationales » pour être plus concurrentielles, mais aussi se délocalisent dans des pays à la main-d’œuvre moins coûteuse. D’où une hausse du chômage quasi continue dans les années 68-90 (Cf. Image ci-dessus).

Ces changements se répercutent sur la conception même du travail, avec une perte de confiance dans sa valeur ; il ne s’agit plus d’y trouver un épanouissement personnel, encore moins de servir le développement économique du pays, mais d’abord de « faire carrière » et d’obtenir un salaire qui permette de mener la vie la plus confortable possible.

Cette exigence double est relayée dans les luttes sociales. Les principaux syndicats, la CGT (Confédération Générale du Travail), FO (Force Ouvrière), la CFDT (Confédération Française Démocratique du Travail), ne luttent plus seulement pour l’augmentation des salaires, mais aussi pour de meilleures conditions de travail : aménagement des horaires et des locaux, politique de santé et de formation, retraites, création de crèches… Sont également posées de nouvelles revendications, telles le droit pour les employés de prendre des initiatives, voire de participer à la gestion de l’entreprise, cela afin de s’opposer à la dépersonnalisation et au désintérêt croissants des travailleurs pour le travail. Mais ces luttes collectives n’ont plus le même impact, et le nombre des adhérents aux syndicats diminue considérablement.

Cette même époque connaît un important développement du travail féminin. Après la création, en 1971, du Comité du Travail féminin, puis, en 1973, de l’association « Retravailler » par Evelyne Sullerot, très symbolique est celle d’un secrétariat d’État à la condition féminine, en 1974, remplacé, de 1981 à 1986, par le ministère des Droits de la femme, dirigé par Yvette Roudy. Aujourd’hui, les métiers n’ont pas de sexe, titre d’un film éducatif de ce ministère résume cette évolution, en témoignant de la volonté de faire reconnaître l’importance économique et sociale du travail féminin pour répondre à ceux qui l’accusent encore d’accroître le chômage et d’être la cause, en raison de l’absence de la mère au foyer, d’être la cause de toutes les décadences morales.

Peu à peu, les femmes intègrent les grandes écoles, telles, en 1969, l’ENA (École Nationale d’Administration) ou, en 1972, Polytechnique (Cf. Image ci-contre) ; elles commencent à exercer des métiers dits "masculins", à la Bourse, à Air France, avec la 1ère femme pilote en 1974 (Cf. Image ci-contre), dans la police, avec la 1ère femme commissaire en 1976. Le nombre des femmes ingénieurs double entre 1970 et 1980 (Cf. Texte ci-contre).

Mais, malgré la loi contre la discrimination sexiste, votée en 1983, les femmes restent pénalisées : elles effectuent plus souvent que les hommes des tâches d’exécution, leurs salaires sont, en moyenne, de 20% inférieurs, leur carrière est freinée par la vie familiale, et elles restent très peu représentées dans la vie politique.

Manifestation contre la "loi Juppé" en décembre 1995, à Toulouse

Anne Chopinet, major à Polytechnique.

La 1ère femme pilote à Air France.

Par promotions entières, sorties des meilleures écoles, les jeunes femmes sont en train d'investir l'entreprise. Une révolution silencieuse.

A l'époque héroïque - au début des années 80 - c'étaient des pionnières. On les appelait "superwomen" et on en avait un peu peur. Championnes exceptionnelles des "trois-huit" - boulot-enfant-mari - aux tailleurs impeccable et aux dents acérées, elles forçaient un à un les bastions mâles des entreprises. Ascensions périlleuses. Très peu ont conquis les sommets. Mais elles ont ouvert de larges brèches.

La nouvelle vague s'y engouffre. En moyenne, on compte, dans toute la France, 40% de femmes parmi les cadres administratifs et commerciaux de moins de 30 ans et 20% parmi les ingénieurs de la même classe d'âge. Chez les plus de 35 ans, la proportion n'est, respectivement, que de 25% et de 10%. L'égalité n'est pas complète. Mais la mutation s'accélère.

Informaticiennes, publicitaires, spécialistes de la finance ou des ressources humaines, les jeunes femmes prennent leurs marques. Et commencent à s'exprimer. Un nouveau langage. Finies les concessions forcées. Dépassées les "femmes-mecs" qui en faisaient trois fois plus pour s'imposer. La génération montante veut tout : un travail intéressant, bien sûr - comme leurs copains de cours - l'amour et la famille - comme maman - et, en plus, des loisirs.

L'Express, 16-22 mars 1990.

Le chômage et ses conséquences

 

Les crises économiques successives enracinent aussi dans les mentalités la peur du chômage et, pour les chefs d’entreprise, celle de la récession ou même de la fermeture. La jeunesse redoute l’entrée dans ce monde du travail, avec des contrats souvent précaires. Les entreprises utilisent de plus en plus des sociétés de recrutement, qui font une sélection souvent féroce ; elles recourent aussi davantage à des sociétés de travail intérimaire qui renforcent encore l’insécurité, même si elles apportent de la souplesse face aux aléas économiques. Le poste de DRH, Directeur/trice des Ressources humaines, consiste trop fréquemment à gérer un personnel instable, voire à élaborer des plans de licenciement.

L’observation de cette offre d’emploi (Cf. Texte ci-contre) est révélatrice des compromis que l’entreprise doit réaliser entre les exigences de son propre développement, face à la concurrence, et celle des employés : il lui faut retenir les meilleurs, les séduire même en leur promettant un bel avenir tout en les rassurant, sans cacher le fait que la vie professionnelle est un combat.

 

Cette hausse du chômage entraîne deux conséquences :

Le rejet des travailleurs immigrés

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L'Express, 27-04-1990

 Ils sont venus du Maghreb, d’Afrique noire, des Antilles, de Turquie… alors que le pays avait besoin, pendant les « Trente Glorieuses Â», de main-d’œuvre pour exécuter les tâches pénibles ou peu gratifiantes que les Français ne veulent plus accomplir. Or, le décret instituant le droit au regroupement familial, en 1976, rend l’immigration plus visible dans la société que du temps où les travailleurs étaient regroupés, isolés, dans les seuls foyers de la Sonacotra, organisme fondé en 1956. Ils sont alors pris comme boucs émissaires des difficultés économiques, et leur intégration devient un enjeu politique majeur. Même si l’immigration est, progressivement, davantage encadrée et surveillée, cela ne fait qu’augmenter une immigration clandestine, propre à accentuer les réactions racistes.

L'apparition d'une "nouvelle pauvreté"

Peu à peu naît un nouveau « quart monde Â», composé des exclus de la vie professionnelle, en raison soit des crises économiques, soit de l’éclatement des familles, avec des mères seules à élever les enfants, soit d’une scolarité inachevée ou inadaptée aux nécessités nouvelles de l’emploi. De plus en plus de chômeurs ne se déplacent même plus à l’ANPE (Agence nationale pour l’Emploi, cf. Images  ci-contre), créée en 1967 qui, en centralisant les offres et les demandes, doit aider les chercheurs d’emploi dans leurs démarches ! Ces exclus dépendent alors des indemnités et autres allocations pour survivre, et des associations caritatives, telles « Le Secours populaire Â», « Le Secours catholique Â», « L’Armée du salut Â», ou « Les Compagnons d’Emmaüs Â», fondée en 1954 par l’abbé Pierre, très sollicitées. Ainsi, pendant l’hiver 1997-98, les 9000 bénévoles des « Restos du cÅ“ur Â», sous l’égide de l’humoriste Coluche (Cf. Vidéo ci-contre), ont assuré 25 millions de repas.

L'ANPE est-elle efficace ? Deux caricatures.

J.-J. Goldman/Coluche, Les Restos du coeur, chanson inaugurale.

L'ère de la consommation et des loisirs

Ces constats affligeants sont pour le moins paradoxaux, alors même que le pays est entré de plain-pied dans l’ère du « toujours plus », soutenue par une publicité qui envahit tous les médias… et qui est même utilisée pour faire savoir qu’« un Français sur cent ne mange pas à sa faim ! ».

Le commerce

 

Les étudiants ont, certes, dénoncé en mai 68 la société de consommation, une prison, selon eux, puisque, pour acheter « toujours plus », titre d’un essai de F.de Closets, paru en 1982, il faut aussi produire plus, donc être aliéné par le travail, ou s’endetter. Mais, si l’on excepte quelques tentatives isolées de vie « en communauté » à la campagne, organisée en autarcie, ils n’ont pas vraiment modifié les mentalités d’une population désireuse d’une amélioration matérielle.

Ainsi, les magasins de quartier cèdent la place à de petits libre-service, ou supérettes, puis à des supermarchés, enfin à des hypermarchés, dont les enseignes, Carrefour, Auchan, Intermarché… et le fameux Mammouth (cf. Image ci-dessus) qui « écrase les prix », se multiplient à la périphérie des villes. Elles se transforment ainsi en gigantesques zones commerciales, avec d’immenses parkings. Le centre des villes aussi change, avec de vastes « galeries marchandes » sur plusieurs étages, offrant boutiques, bars et restaurants, services divers, et des rues piétonnes : tout incite à l’achat, effectué de plus en plus souvent à crédit.

Le projet du centre commercial "Euralille"1, vue aérienne, 1997.

La galerie marchande de Lyon-Part-Dieu, 1970.  

La publicité

 

Pour aider les consommateurs, premières victimes parfois d’une concurrence sans scrupules, l’État crée, en 1966, l’INC, Institut national de la consommation. Sa mission initiale de surveillance s’élargit : il mène des enquêtes qui pèsent sur la réglementation des prix, par exemple il est à l’origine des lois de 1973 et de 1976 pour réprimer la publicité mensongère. Pour mieux informer les consommateurs, il soutient des émissions de télévisions, lance un journal, 50 Millions de consommateurs, et aide de nombreuses associations, juridiquement actives. 

Mais cela n’empêche en rien la publicité d’être omniprésente, dans les rues des villes, avec des panneaux de plus en plus visibles, à la radio et à la télévision : 24400 messages, par exemple, en 1983, alors qu’il n’existe encore que trois chaînes… On imagine son essor lors de la multiplication des chaînes privées : ressource financière essentielle, elle coupe même les émissions. 

Quelques publicités,

années 80. 

50 Millions de consommateurs, n° 10, 1er  octobre 1971.

D’ailleurs, créer un message publicitaire, pour lancer un produit dit « nouveau », pour orienter notre désir d’achat, voire susciter un besoin, devient un véritable métier. Le créateur fait appel aux mythologies qui traversent la société, il fait rêver, il s’appuie sur les modes et sur les identités socio-culturelles. Certaines publicités sont devenues « classiques », telle celle de « la mère Denis » qui, avec  son exclamation, « C’est ben vrai, ça ! », et son accent campagnard, joue à la fois sur le mythe du bon sens paysan et sur la mode du retour aux valeurs traditionnelles. Finalement, la publicité fait tout vendre comme une lessive, y compris un candidat aux élections ou une notion abstraite, l’anti-racisme, la solidarité, la santé…

Les loisirs

 

On consomme aussi les moyens, individuels et collectifs, d’occuper le temps de loisir, des plus simples, les clubs de toute nature, aux plus élaborés : séjours de vacances, croisières, voyages organisés… Il y en a pour tous les âges, notamment pour le « 3ème âge », celui des retraités  plus jeunes et plus actifs. On « fait » la Grèce ou l’Égypte  comme, autrefois, une promenade à bicyclette. Ainsi se crée une industrie des loisirs avec des agences, des magazines spécialisés, des émissions de radio et de télévision.

Ces deux médias occupent une place essentielle, et sont quasiment « révolutionnés », d’abord avec la loi de 1982 pour réglementer les « radios pirates », nées dans les années 80. Elles deviennent des « radios libres », autorisées par la « Haute Autorité de l’Audio-visuel » qui remplace l’ORTF, ancien organisme d’État. C’est elle qui contrôle leur fonctionnement ; elle nomme aussi les Présidents des deux chaînes télévisuelles d’État, Antenne 2 et France 3, chaîne des régions, veille à ce que les chaînes privées respectent leur cahier des charges en matière de publicité et de choix des émissions… Le paysage s’est, en effet, modifié, avec la privatisation de TF1, la naissance d’une chaîne codée payante, « Canal Plus », puis d’une 5ème et d’une 6ème chaînes en 1986… Les progrès technologiques ne cessent d’accroître l’offre télévisuelle, par câble et par satellite, qui, parallèlement, se spécialise.

Parodie du Club Méd,

Les Bronzés, film de P. Lecomte, 1978, .

De "toujours plus" à "toujours mieux"

 

Enfin, ce désir d’avoir « toujours plus » s’associe à celui de vivre « toujours mieux », d’où l’importance prise par le corps, donc par le sport qui permet de l’entretenir : l’espérance de vie en bonne santé a d’ailleurs considérablement augmenté depuis l’après-guerre. Le sport devient la base d’une industrie, qui met en jeu des intérêts financiers considérables, par exemple dans le football, le tennis, le ski… Bien sûr, ces enjeux déchaînent aussi les passions, voire la violence qui explose parfois dans les stades. Mais les modes de vie évoluent : le sport devient une hygiène de vie, est jugé nécessaire à l’équilibre, tout comme une alimentation saine, ainsi que le résume la kinésithérapeute Thérèse Bertherat : « Le secret de la forme, c’est d’arriver à mettre ensemble les muscles, l’esprit, les sensations, les émotions. L’être tout entier. » Cela constitue aussi un remède aux nouvelles modalités de travail, plus statiques et plus « stressantes ».

Le paysan courbé sur son champ du lever au coucher du soleil, le manœuvre qui coltinait des fardeaux dix heures par jour n’avaient pas besoin de penser à leur corps. S’ils aspiraient à quelque chose, c’était à reposer leurs muscles fatigués, à pouvoir enfin réfléchir, rêver. Ou bien à faire la fête entre amis. Pour l’informaticien qui passe sa journée devant une console d’ordinateur, ou pour le spécialiste des relations publiques qui voit sans arrêt défiler de nouvelles têtes, c’est l’inverse. Ils aspirent au plaisir d’exercer leurs muscles et à la solitude. Parce que le travail moderne est de plus en plus abstrait, la redécouverte du corps, et de tous les plaisirs qu’il apporte, est, malgré les excès inévitables de la mode, une preuve de santé. Ce n’est pas un hasard si la Californie, le pays de l’éternel été, qui a donné le signal de cette évolution des mœurs, est aussi l’endroit de la terre qui compte la plus forte concentration d’industries de pointe en pleine évolution.

N’en déplaise aux moralistes bougons, aux employeurs qui s’obstinent à confondre l’atelier ou le bureau avec une caserne, l’avenir appartient à ceux qui sauront inventer une nouvelle joie de vivre.

Le Nouvel Observateur, décembre 1983.

La jeunesse
La contestation

 

Les industriels ont certainement été les premiers à concevoir l’importance de la jeunesse, divisée en « classes d’âge », et à renverser l’ordre patriarcal où les anciens dirigeaient la communauté, pour faire de la « jeunesse » une qualité en soi afin de l’utiliser comme argument publicitaire. Un énorme marché s’est ainsi développé, dont les acheteurs potentiels vont de l’enfant, prescripteur, par ses désirs, des achats de ses parents, à l’adolescent, tout disposé à dépenser son argent de poche, sans oublier l’adulte qui veut, à tout prix, rester jeune.

« Changez la vie donc transformez son mode d’emploi. »

« Dans les facultés 6% de fils d’ouvriers. Dans les internats de rééducation 90%. »

« Pacifistes de tous les pays faites échec à toutes les entreprises guerrières en devenant citoyens du monde. »

« L’âge d’or était l’âge où l’or ne régnait pas. Le veau d’or est toujours de boue. »

« Nous voulons : les structures au service de l’homme et non pas l’homme au service des structures. Nous voulons avoir le plaisir de vivre et non plus le mal de vivre. »

« Seule la vérité est révolutionnaire. »

« La liberté commence par une interdiction. Celle de nuire à la liberté d’autrui. »

« Cache-toi, objet. »

« Êtes-vous des « consommateurs » ou bien des « participants » ? »

« L’imagination prend le pouvoir. »

Journal mural mai 68, quelques citations recueillies par Julien Besançon.

C’est précisément contre cet emprisonnement dans la consommation que se dresse le mouvement de Mai 68, fortement marqué par l’idéologie marxiste et ses courants chinois, le maoïsme, ou cubain, le castrisme et son idole « le Che » Guevara. Rébellion contre le « devoir d’acheter », imposé par le système économique, notamment la publicité, pour affirmer le « droit à la liberté », c’est ce que traduisent plusieurs des slogans lancés par les étudiants révoltés de Mai 68 (Cf. texte ci-dessus).

Mais que veut exactement cette jeunesse ? Un nouvel art de vivre, fondé sur la création plus que sur la consommation ? Que deviendrait une nation où la jeunesse se marginaliserait ? C’est ce qui inquiète le monde adulte, qui a pourtant contribué à ce malaise en contraignant longtemps les jeunes à « la docilité », comme l’explique Albert Sigusse dans son essai, Salauds de jeunes (1970).

En tout pays, la jeunesse est un tunnel qui débouche sur l’âge adulte. Or, la majorité des Français se comportent comme si le débouché comptait plus que la traversée ; comme si tout adulte arrivé au terme du voyage, était a priori plus estimable que le jeune. […] Par définition, le jeune est un pas-encore-adulte, même face à l’intelligence adulte la plus débile. Dès qu’il y a contestation dans l’établissement de la vérité, il doit crier pour se faire entendre. La réaction spontanée de la majorité des adultes est de la taxer d’ignorance et d’invoquer l’ordre, l’obéissance ou l’autorité.[…]

Par ailleurs, la jeunesse a peu à voir avec le nombre des années ; c’est une certaine façon de refuser l’extermination de l’espoir. Tout adulte absolu est un enfant mort ; chez certains, c’est venu tôt ; chez d’autres, ça ne viendra jamais ; chacun d’entre nous se trouvera toujours être le jeune de quelqu’un, comme il pourrait en être le juif, le nègre ou le prolétaire. Même sans qu’on tire à la courte paille, c’est toujours lui qui sera mangé.

Cette hostilité, jamais définie mais presque partout présente, régit les rapports de la France à l’égard de ses jeunes.[…] Mai 68 est un symptôme ambigu et non pas un accident dans l’histoire des relations de la jeunesse française au reste du pays. C’est une déchirure venue tard dans une situation de docilité usée. Elle était prévisible à qui voulait se donner la peine de coller son oreille au sol.

La tentation est forte, au niveau où se prennent les décisions nationales, de demander à la jeunesse ce qu’elle propose. C’est couper la voix à l’expression du malaise, et ne pas tolérer qu’il s’exprime sans proposer de solution de remplacement. Quitte à s’étonner, la main sur le cœur, lorsque des jeunes préfèrent le suicide à l’entrée dans l’univers des adultes. Lorsqu’un jeune se tue parce que tous les États du monde laissent affamer le Biafra, c’est qu’il refuse les détours de la politique internationale où la générosité n’est jamais une valeur. Ce suicide est la condamnation de la diplomatie secrète par quelqu’un qui n’a aucun pouvoir sur elle.

Albert Sigusse, Salauds de jeunes, 1970.

Mais à quoi conduisent, finalement, les élans de Mai 68 ? Certains poussent la contestation jusqu’à se marginaliser en partant sur « les chemins de Katmandou », pour reprendre le titre d’un roman de Barjavel paru en 1969. Ils espèrent trouver ainsi un monde plus juste et plus libre, un monde de paix. D’autres, souvent liés au mouvement "hippie", fondent, dans des territoires ruraux isolés, des « communautés » qui veulent se rapprocher de la nature et vivre dans une autarcie libertaire. Mais, parfois, elles se coupent tellement de la société qu’elles deviennent, sous l’emprise d’un « gourou », des sectes et, si certaines sont relativement inoffensives, telle celle du « Mandarom » fondée, en 1969, dans les Alpes-de-Haute-Provence par Gilles Bourdin, d’autres ont entraîné des drames terribles. Il suffit de penser aux 16 morts, membres de l’ordre du Temple solaire, trouvés dans le Vercors en 1995… suicide collectif, meurtres… c’est le cas extrême de la rupture sectaire. Sans aller jusque là, le recours à la drogue, ne serait-ce que pour « planer » ou, à l’inverse, la délinquance des « loubards » dans les banlieues sont aussi les signes du mal de vivre d’une jeunesse qui rejette la société offerte par les aînés. À cela s’ajoute enfin, en lien avec les crises économiques, la montée du racisme : les affrontements qui opposent, durant l’été 83, les jeunes du quartier défavorisé des Minguettes à Vénissieux, près de Lyon, avec leur cortège de dégradations et de violences, ouvrent la voie à une expression raciste qui ne fera que s’amplifier jusqu’à la fin du siècle.

Une "communauté"  hippie sur la route.

Les chemins de Katmandou...

Les constructions du Mandarom, cité de "l'aumisme", vues de l'autre rive du lac de Castillon.

Mais, paradoxalement, ces mêmes crises, ramènent la jeunesse à de nouvelles formes d’engagement. Dans les années 90, sans être politisée comme leurs aînés de 68, les jeunes restent sensibles aux injustices et aux exclusions qui les conduisent à participer bénévolement à des associations, telles « SOS Racisme » ou « Les Restos du cœur ». Même s’ils ne sont pas toujours capables de résister aux discours publicitaires ou aux sollicitations politiques démagogiques, ils ne renoncent donc pas à porter un regard critique sur leur société.

La famille 

 

Enfin, il est indéniable que l’évolution de la famille a favorisé ce  malaise de toute une jeunesse, et d’abord dans les grands centres urbains et péri-urbains, les campagnes et les petites villes de province maintenant plus longtemps l’intégration des plus jeunes dans la communauté des adultes, représentée par la famille et l’école. Mais elles ne résisteront pas non plus à l’augmentation des divorces, continue après les années 70, qui fait exploser une famille déjà réduite par le développement de la contraception, et fragilisée par la liberté de couples qui refusent de plus en plus d’officialiser leur union par le mariage. Ainsi, dans les familles monoparentales, la mère seule a du mal à imposer son autorité, et, même quand le couple subsiste, le fait que les femmes travaillent davantage à l’extérieur du foyer laisse les plus jeunes livrés à eux-mêmes. Le phénomène des « bandes », favorisé par l’habitat dans de grands ensembles à l’écart des centres-villes, n’est-il pas alors une façon de se re-fabriquer une « famille » ?

Mariages et divorces : statistiques de 1920 à 1995.

Face à cette réalité sociale, deux paradoxes cependant… Si, en 1974, la loi fait passer l’âge de la majorité de 21 à 18 ans, et s'ils ont un réel pouvoir économique, les jeunes restent pourtant de plus en plus longtemps au sein de la famille, soit parce qu’ils poursuivent leurs études, soit parce qu’ils ont du mal à trouver un travail suffisamment stable et rémunéré pour leur permettre une véritable indépendance. De plus, si la révolte contre l’aliénation que représente la famille a marqué la décennie 70-80, la fin du siècle, elle, voit renaître une image plus positive de la famille, sans doute pour répondre à la difficile insertion dans la vie professionnelle. Elle est alors vécue comme le lieu du soutien psychologique et social, dans lequel peut se réaliser l’épanouissement de l’enfant. 

L'enseignement 

 

Une des autres conséquences de Mai 68 est une profonde modification du système scolaire, commencée par l’enseignement supérieur pour répondre aux revendications étudiantes qui avaient initié le mouvement de révolte. La « loi d’orientation », soutenue par le ministre Edgar Faure, en novembre 1968, accorde une autonomie renforcée aux universités, supprime les « facultés » en créant des « Unités d’Enseignement et de Recherche » (UER) et des « Instituts universitaires de Technologie » (IUT)  pour mieux les adapter aux réalités scientifiques, technologiques et économiques, et accompagner le nouveau statut d’enseignant-chercheur. Le nouveau « Conseil universitaire » fait participer aux décisions des délégués de tous les personnels (enseignants, chercheurs, administratifs, techniciens…) mais aussi des étudiants et des personnalités extérieures, élus locaux, entrepreneurs, syndicalistes… 

Cette ébauche d’autonomie n’a fait que se renforcer depuis lors : les UER construisent elles-mêmes leurs offres de formation, leurs programmes, les modalités d’examen, d’abord par disciplines, mais aussi en interdisciplinarité. Mais les manifestations étudiantes jalonnent ces évolutions, en 1973, en 1876, et surtout en 1986, contre le projet de loi Devaquet qui visait à sélectionner les étudiants à l’entrée à l’université et à les mettre en concurrence. La mort d’un des manifestants, Malik Oussekine, fait céder le gouvernement, mais ne résout pas le problème des universités qui ont bien du mal à accueillir dans de bonnes conditions un nombre croissant de bacheliers… Cela explique que certains s’en détournent, pour s’inscrire dans de « grandes écoles », Science Po., l’ENA (École Nationale d’Administration), Polytechnique… Publiques ou privées, elles recrutent sur concours, leur cursus est particulièrement difficile… et leur coût souvent élevé, ce qui accentue, en fait, l’inégalité en reproduisant une forme d’élitisme social.

Manifestation contre la loi Devaquet, en 1986.

La volonté politique après 68 était pourtant louable : démocratiser l’enseignement, l’ouvrir davantage aux exigences d’une société en pleine mutation. Mais la difficile gestion d’un afflux d’élèves dans l’enseignement secondaire, due notamment à la création du « collège unique » en 1977, jointe à la mise en place de nouvelles méthodes d’enseignement parfois trop théoriques, qui ont inutilement complexifié la pédagogie, n’ont pas résolu la crise scolaire. C'est ce qu'explique Bernard Charlot dans son essai, La Mystification pédagogique (1978).

Psychomotricité à l’école maternelle, mode du tâtonnement et du travail en groupe à l’école élémentaire, mode du dialogue et de l’ouverture sur l’actualité à l’école secondaire. Ils [ceux qui critiquent les réformes et méthodes nouvelles] ont à la fois tort et raison. Tort, car ces éléments correspondent à des progrès dans la connaissance théorique des enfants et des adolescents et dans la réflexion pédagogique sur les disciplines qu’on leur enseigne. Raison, car si on les introduit sans référence aux objectifs pédagogiques qu’elles visent et sans formation correcte des maîtres, ces réformes ne seront effectivement que des modes.

Cette tendance regrettable à utiliser des méthodes pédagogiques sans déterminer les finalités éducatives auxquelles elles correspondent ne s’explique pas seulement par un phénomène de mode, par l’insuffisance de la formation continue des enseignants, et par l’évolution rapide des connaissances et des pratiques pédagogiques. Elle traduit plus profondément l’impossibilité de déterminer des fins éducatives sur lesquelles tout le monde puisse se mettre d’accord. Il y a là un fait caractéristique de notre époque.

B. Charlot, La mystification pédagogique, 1978.

La création des Zones d’Éducation Prioritaires (ZEP), en 1981, pour « « corriger l’inégalité [sociale] par le renforcement sélectif de l’action éducative dans les zones et dans les milieux sociaux où le taux d’échec scolaire est le plus élevé » (Circulaire du 9 juillet), par exemple, ou celle de sections spécialisées, pour apporter du soutien eux élèves les plus en difficulté, ont échoué : elles sont devenues souvent des « ghettos », des voies de garage en attendant les 16 ans qui permettent l’entrée dans la « vie active », attente sans espoir, car aucune réelle formation professionnelle n’est vraiment proposée, et qui, par contrecoup, suscite bien des révoltes même chez de jeunes enfants. Face à cette nouvelle atmosphère scolaire, agressivité des élèves, voire de parents égarés dans le labyrinthe des « parcours » proposés, les professeurs sont souvent eux-mêmes dépassés, soumis à l’incessantes « réformes » aussi inopérantes les unes que les autres… La profession entre à son tour en crise, et peine à recruter.

En fait, l’école est le lieu où se nouent les conflits idéologiques que Mai 68 a mis au jour, et toute solution apportée semble porter en elle le germe de nouvelles insatisfactions.​

De nouveaux enjeux 
L'écologie 

 

Le mouvement de Mai 68, avec son rejet de la société de  consommation, et la crise pétrolière de 1973 ont accéléré la prise de conscience des dangers que le principe du « toujours plus », joint aux applications techniques de la recherche scientifique, parfois mal maîtrisées, fait courir à la planète. Dès 1973 est créé, à Paris, le Centre international de recherche sur l’environnement et le développement. Mais il faut encore de multiples accidents pour que les mouvements écologiques se fassent véritablement écouter : la pollution de l’île d’Ouessant en 1976 par le pétrolier "Olympic Bravery", celle des côtes bretonnes lors du naufrage du supertanker "Amoco Cadiz" en 1978, celle de l’île de Batz en 1980, du Rhône par les déchets qui s’y déversent... la liste pourrait encore s’allonger !

Ainsi, à la fin du siècle, l’écologie s'impose dans la vie politique, engagement marqué par la participation de René Dumont à l’élection présidentielle de 1974. Et sa place ne fait que se renforcer à chaque élection, avec la fondation, en 1982, du parti « Les Verts ». On envisage même la création d’une université de l’environnement.

L'"Amoco Cadiz" : le naufrage en 1978... 

... et sa conséquence : la pollution des côtes.

Les écologistes se battent sur tous les fronts, dans différents mouvements et associations, depuis l’importante question du transport et du stockage des déchets, notamment nucléaires, jusqu’au tracé des autoroutes, des nouvelles voies ferrées destinées au Train à grande vitesse (TGV), dont la première ligne Paris-Lyon est inaugurée en 1981. Peu à peu ils remportent des victoires, par exemple, en 1983, la loi rendant obligatoire la déclaration de détention de produits toxiques ou, en 1985, l’ouverture de la première station-service fournissant de l’essence sans plomb, ou encore l’utilisation de détergents sans phosphates, celle d’aérosols protégeant la couche d’ozone, en 1989. L’opinion publique est progressivement sensibilisée à toutes ces questions, les industriels sont contraints de céder à sa pression. La protection de l’environnement est définitivement à l’ordre du jour dans tout projet de développement.

Le régionalisme 

 

C’est aussi dans la mouvance de Mai 68 que s’imposent de nouvelles conceptions régionalistes. Sans doute pour faire contrepoids à l’uniformisation des individus provoquée par le mode de vie contemporain, les traditions régionales sont ranimées et revalorisées.

Poussant à l’extrême, plusieurs régions entrent en lutte pour réclamer leur autonomie. Certaines organisations n’ont pas attendu 68 pour cela, telles l’ETA (Euskadi Ta Askatasuna), organisation armée indépendantiste basque, créée en 1959 et qui agit des deux côtés de la frontière espagnole, ou le Front de Libération de la Bretagne, actif dès 1966. Mais Mai 68 vient, en quelque sorte, légitimer leur combat. Parés de « l’aura révolutionnaire », leurs militants ne reculent pas devant les actions militaires terroristes, aussi bien en France métropolitaine, avec notamment les attentats commis par le Front de libération nationale corse (FLNC) que dans les territoires d’outre-mer : violences des indépendantistes en Nouvelle-Calédonie et répression policière entre 1984 et 1988.

Une affiche du Front de Libération de la Bretagne.

Les militants armés du Front de Libération national corse.

Mais cette évolution se traduit aussi plus pacifiquement ! Un premier signe est le transfert, en 1972, du Musée national des arts et des traditions populaires, créé en 1937, au bois de Boulogne, dans un bâtiment moderne qui offre, entre autres nouveautés, une Galerie d’étude consacrée aux aspects les plus technologiques de la culture, et une Galerie culturelle pour présenter, à travers des objets représentatifs,  la vie de la paysannerie et l’artisanat. Sur ce modèle, des « éco-musées », notion établie en 1971 par le Conseil international des musées et dont les objectifs sont fixés par une charte en 1981, se multiplient en province, et le public redécouvre ainsi le folklore et l’artisanat de sa région. De nombreux chercheurs s’intéressent aux traditions orales, les récoltent et les étudient.

Parallèlement, les langues régionales gagnent une nouvelle légitimité : elles sont scientifiquement étudiées, enseignées, deviennent matières d’examen, sont parlées dans des stations de radio et de télévision… Autant d’éléments qui tous s’accordent à prouver que « Paris n’est pas la France » et que la vie rurale n’est pas un  désert culturel.

Des artistes de toutes sortes, en particulier des chanteurs, tels les Bretons Gilles Servat et Alan Stivell, l’Occitan Serge Bec, pour ne citer qu’eux, et des écrivains, ont largement contribué à promouvoir ce mouvement de retour vers les traditions…Les romanciers, eux, chantent la nature et rappellent la vie de leurs ancêtres paysans, difficile, tragique même souvent, mais d’un « exotisme » fascinant, notamment pour des lecteurs citadins : parmi tant d’autres, Pierre-Jakez Hélias dans Le Cheval d’orgueil (1972), Henri Vincenot dans La Billebaude (1978), ou Antoine Sylvère avec Toinou, le cri d’un enfant auvergnat (1980). Ils opposent aussi souvent les excès et les malaises de la société de consommation, si récente et fondée sur l’éphémère des modes, à la permanence rassurante de la tradition.

Pour écouter Serge Bec ...

... et Alan Stivell, Suite sudarmoricaine, casino de Knokke, 1973.

Ainsi se construit le mythe d’une vie pleine de couleurs, de sensations, aujourd’hui oubliées, de richesses intérieures, telle celle que décrivent les ouvrages de Claude Michelet, agriculteur devenu écrivain : J’ai choisi la terre (1975), Des grives aux loups (1979), Les Promesses du ciel et de la terre (1985), Pour un arpent de terre (1986), Le grand sillon (1988)… 

Moi, je l’aime davantage, je lui pardonne de ne pas m’enrichir, je ne lui en veux même pas de me coûter cher, parfois.

Elle est si belle ! Belle dans sa nudité et son réparateur sommeil d’hiver. Belle au réveil du printemps, quand elle embaume et qu’elle chante. Belle au soleil d’été. Belle sous les labours d’automne qui l’ouvrent et l’ensemencent, la cajolent et la comblent avant la longue nuit.

Mais rien de cela n’est monnayable, négatif donc.

Bilan négatif aussi pour ceux qu’affolent la solitude profonde d’une forêt, l’épais silence d’une nuit de décembre, l’absence de la foule et du vacarme.

Que ceux-là me laissent au moins aimer la solitude, elle est le seul miroir de l’homme, miroir fidèle mais impitoyable. Qu’ils me laissent aussi aimer le silence, il me permet d’écouter. Quant à la foule, qu’ils m’excusent si je l’évite, je ne l’aime pas ; elle est anonyme, donc méchante et vicieuse, pleine d’un tumulte dont j’ai horreur car il rend aphone.

Claude Michelet, J’ai choisi la terre, 1975.

ricité à elles tout le monde puisse se mettre d’accord. Il y a là un fait caractéristique de notre époque.

C. Michelet, J'ai choisi la terre, 1975.

Sciences

Sciences et techniques

La complexité des disciplines scientifiques, qui s'internationalisent, les rend de plus en plus hermétiques au public non-initié. Mais les recherches, et les progrès techniques induits, fascinent, tout en posant de nouvelles questions.

L'Institut des hautes études scientifiques, à Bures-sur-Yvette.

Le LEP, grand collisionneur électron-positron du CERN ( 1989-2000).

La fusée Ariane, vol 504, le 10/12/1999.

Mathématique, physique, chimie
La science mathématique
 
La science mathématique, durant cette période, a trouvé la solution de problèmes parfois vieux de plusieurs siècles, mais surtout l’esprit de la recherche mathématique s’est modifié : les mathématiciens ne cherchent plus à construire de vastes théories abstraites, mais à trouver d’abord des outils qui leur permettront de résoudre une question. Est particulièrement actif le groupe formé autour d’Alexandre Grothendieck (1928-2014), au sein de l’Institut des hautes études scientifiques, fondé en 1958 à Bures-sur-Yvette (cf. Image ci-dessus),  avec, notamment, Jean Dieudonné (1906-1992), Henri Cartan (1904-2008), Laurent Schwartz (1915-2002), Jean-Pierre Serre (né en 1926), pour ne citer que les plus primés... Parmi ceux qui travaillent pour l’IHES, citons aussi Alain Connes (né en 1947) qui a appliqué sa découverte, en géométrie non commutative, de la « cohomologie cyclique » (qui a pour objet les « espaces quantiques ») à l’algèbre, puis à la physique des particules. Il reçoit d’ailleurs, en 1982, la médaille Fields, la plus importante récompense en mathématiques. Sous leur influence, l’enseignement des mathématiques évolue  considérablement.

Dans les années 1980, l’utilisation d’ordinateurs de plus en plus puissants permet des avancées dans la recherche, en modifiant le travail des mathématiciens. Leur puissance de  calcul permet, par exemple, de « modéliser » un phénomène, tels une tornade, la résistance d’un bâtiment en béton, les effets du choc d’une automobile contre un mur…, à l’aide d’un système d’équations. Il est ensuite  possible de le reproduire sur l’ordinateur pour une « simulation ». D’autres recherches en géométrie algébrique ou sur la théorie des nombres trouvent une application dans le codage et la cryptographie. Les progrès dans les calculs de probabilités ou les statistiques sont très utiles en économie, pour les études de marchés, en finance, pour gérer des produits complexes, en sociologie pour les classifications et les sondages…

"L'explosion des mathématiques", un passionnant dossier : cliquer sur l'image.

La recherche mathématique à l'IHES.

Pour en savoir plus, le site de l'IHES : cliquer sur l'image.

La distinction entre mathématiques pures et mathématiques appliquées s’efface : les mathématiques fondamentales permettent de résoudre des problèmes de plus en plus difficiles.

La physique

 

Ce sont aussi des outils techniques de plus en plus élaborés qui permettent à la physique d’étendre encore davantage ses domaines d’étude, de l’infiniment grand à l’infiniment petit. Par exemple, des télescopes géants sont capables de capter des images spatiales vieilles de 12 milliards d’années, tandis que l’accélérateur de particules électro-positron (LEP, cf. Image ci-dessus) fonctionne de 1989 à 2000. Au sein du LAL(Laboratoire de l’Accélérateur Linéaire), rattaché à l’université d’Orsay, unité du CNRS (Centre National de la Recherche Scientifique) qui travaille en collaboration avec le CERN (Conseil Européen pour la Recherche Nucléaire, avec 21 états membres), les physiciens déchiffrent peu à peu les lois de l’univers. Ils sont aidés par les observations effectuées par les sondes et vols spatiaux, et par les satellites, que place en orbite, après son décollage de Kourou (Guyane) la fusée Ariane (cf. Image ci-dessus), née d’un programme mis au point en 1973 par l’ESA, Agence Spatiale Européenne, association de 11 états.

L’Observatoire de Meudon est une pépinière de chercheurs, qui couvrent tous les champs de l’astronomie et de l’astrophysique. Pour ne citer que quelques-uns de ces astrophysiciens émérites, Évry-Léon Schatzman (1920-2010), Pierre Léna (né en 1937) ou Claude Catala (né en 1958), avec ses recherche d’exoplanètes, tentent de trouver où et comment naissent les étoiles, d’en étudier la structure interne, de connaître la masse des « trous noirs », comme le fait aussi Thibault Damour (né en 1951), et les « pulsars » (cf. Image ci-dessus) , issus de l’explosion d’une étoile massive en fin de vie. Il s’agit toujours d’en savoir davantage sur la façon dont la vie est apparue dans l’univers et si elle existe ailleurs que sur la terre.

Un pulsar.

L'observatoire de Meudon.

Ces recherches sont fascinantes. Même si elles paraissent parfois aux non-initiés bien éloignées de leurs préoccupations quotidiennes, pourtant leurs applications ont un retentissement direct sur leur environnement : la météorologie, par exemple, ou les télécommunications en bénéficient. Ainsi les satellites T.V. Sat.1 (1987) et T.D.F.1 (1988), issus d’un accord franco-allemand, constituent les premiers pas vers la télévision de haute définition.

Dans le domaine de l’infiniment petit, les avancées sont tout aussi importantes. Deux physiciens ont notamment vu leurs travaux récompensés par le prix Nobel.

P.-G. de Gennes dans son laboratoire

Pierre-Gilles de Gennes (1932-2007) l’obtient, en 1991 pour ses recherches sur les cristaux liquides – dont l’application technique est, entre autres, les écrans-plasmas – et sur les polymères, matières plastiques, caoutchoucs naturels ou artificiels, fibres…, aux applications chimiques variées.

Il inaugure ainsi la « physico-chimie de la matière molle », selon l’appellation de la physicienne Madeleine Veyssié dans les années 1970 « pour désigner tout ce qui va des matières plastiques aux bulles de savon, en passant par les gels, les élastomères, les cristaux liquides, les crèmes cosmétiques, les boues, les pâtes céramiques, etc. » (Demain la Physique, sous la direction d’E. Brézin, 2004). Fervent partisan de l’interdisciplinarité, il se place aussi à la frontière de la biologie quand, en 2002, au sein de l’Institut Curie, il s’intéresse aux mécanismes cellulaires qui interviennent, par exemple, dans la mémoire.  

Pour en savoir plus, le site du CERN : cliquer sur l'image.

G. Charpak, devant une chambre proportionnelle "multifils" en cours de réalisation, au CERN.

Georges Charpak (1924-2010) le reçoit en 1992 pour l’invention et le développement de détecteurs de particules, en particulier la « chambre proportionnelle multifils », créée en 1968.

Elle localise dans l’espace, à très grande vitesse, les trajectoires de centaines de particules, grâce à l’électronique rapide, données tout aussi vite analysées par couplage avec un ordinateur. Lui aussi partisan de l'interdisciplinarité,  il cherche à appliquer ses inventions en biologie moléculaire et en  médecine, pour obtenir de meilleures images de radiologie en utilisant des doses de rayonnement moindres. Il s’intéresse aussi, à l’Institut Curie, aux mécanismes cellulaires et moléculaires, puis aux neuro-sciences, par exemple aux mécanismes de stockage des odeurs dans la mémoire. Enfin, afin de permettre aux élèves de découvrir les sciences grâce à une pédagogie active et créative, il lance, en 1995, l’opération « La main à la pâte », lancée en 1995 sous l'égide de l’Académie des sciences, origine d’une fondation de lutte contre l’échec scolaire et en faveur de l’égalité des chances.

La chimie

 

À la fin du siècle, la chimie voit se multiplier ses branches. Elle se sert des recherches en physique pour progresser, et la biochimie prend davantage d’importance, avec la reconnaissance de la biologie moléculaire après la fondation par Jacques Monod, en 1965, d’un centre de recherche spécialisé dans ce domaine. Les recherches se fixent, en effet, un objectif essentiel : être capable de reproduire le vivant à l’identique. Ainsi, grâce à des outils de plus en plus performants, les chercheurs étudient non seulement la structure des molécules, mais découvrent aussi des molécules de synthèse, telle celle de la vitamine B12, la plus complexe de tous les catalyseurs chimiques. Mais le chimiste Jean-Marie Lehn (né en 1939), co-lauréat du prix Nobel en 1987, va encore plus loin en fondant la chimie « supramoléculaire » qui, s’inspirant de celles existantes, fabrique et utilise des molécules inédites, susceptibles « du fait de leurs structures [d’] interactions hautement sélectives », selon la formule du Nobel.

Structure cristalline d'un caténane.

Autre co-lauréat du prix Nobel en 2016, Jean-Pierre Sauvage (né en 1944), pour  des travaux initiés en 1963 : il est alors le premier à synthétiser un « caténane », molécule constituée de deux anneaux moléculaires qui s’interpénètrent, donc plus liés mécaniquement que chimiquement. Ainsi, avec ses associés, un britannique et un néerlandais, ils « ont développé les plus petites machines du monde (...), des molécules aux mouvements contrôlables, qui peuvent accomplir une tâche lorsqu'on y ajoute de l'énergie », explique le communiqué d’annonce. 

Pour en savoir plus sur le Nobel de J.-P. Sauvage, un site avec une vidéo de vulgarisation : cliquer sur l'image.

Enfin, l’émergence du concept de « développement durable », après plusieurs catastrophes, telles celles dite de « Seveso » (Italie, en 1976) qui répand de la dioxine, ou de l’usine de Bhopal (Inde, en 1984), produisant des pesticides, fait naître, à la fin du siècle, une nouvelle branche de la chimie dite « verte ». Elle pose deux principes : utilisation optimale des matières premières (en privilégiant les renouvelables sur les fossiles) de façon à produire un minimum de déchets, en plus recyclables, et remplacement des solvants toxiques par des solvants propres. Ces principes induisent des recherches sur les énergies : rendement, économie, rejets… Et, pour les rejets, des recherches, lors de la conception de  processus industriels, pour qu’ils soient recyclables, et que le reliquat soit non réactif. On perçoit bien, dans cette approche, la source de l’écologie contemporaine.

Autour de la biologie

Dans leurs ultimes conséquences, les découvertes en mathématiques, physique et chimie, concernent directement l’homme et sa santé.

Cette discipline s’occupe non seulement de la constitution chimique des substances propres aux êtres vivants, mais vise à expliquer le fonctionnement de ceux-ci, leur reproduction et leur hérédité par des mécanismes mettant en jeu des molécules tout en décrivant les interactions entre elles. Ses découvertes ont un retentissement sur la recherche pharmaceutique, par exemple en créant des molécules adaptées à telle action spécifique sur tel organe. Ainsi le professeur Étienne-Émile Beaulieu (né en 1926), spécialiste des hormones, met au point, en 1981, la « fausse hormone » RU 486, connu pour son action de pilule abortive, qui permet aussi de faciliter des accouchements difficiles et intervient dans le traitement de différentes tumeurs. 

La biologie moléculaire

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Depuis la découverte, en 1983, récompensée par le prix Nobel, du virus HIV ((Human Immunodeficiency Virus), responsable de l’épidémie de SIDA qui explose au début des années 80 par le professeur Luc Montagnier (né en 1932) et ses collaborateurs, c’est aussi dans cette direction que travaillent les chercheurs qui tentent d’empêcher et de soigner cette terrible maladie. Enfin les travaux se multiplient en neurobiologie afin de comprendre - voire de reproduire – l’architecture cérébrale, et d’améliorer le traitement des pathologies du système nerveux central, accidents neurologiques et neuro-dégénérescence. L’essai du neurobiologiste Jean-Pierre Changeux (né en 1936), L’Homme neuronal (1983), provoque un véritable choc quand, rendant compte de ses recherches sur le développement du système nerveux et des fonctions cognitives, il prouve que l’activité mentale peut se résumer à des propriétés physico-chimiques et applique ces nouvelles connaissances à des comportements précis. 

Le virus HIV, responsable de l'épidémie du SIDA.

La génétique

 

Lors de la découverte, dans les années 60, du code génétique, le généticien se contentait de spéculer sur les propriétés des cellules génétiques. Au cours des dernières décennies du siècle, il a appris à les observer, à les isoler, à en faire la synthèse et, surtout, à les modifier, créant ainsi la génétique moléculaire. Peu à peu, des chercheurs, tels François Jacob (1920-2013), déterminent le génome d’organismes vivants de plus en plus complexes, virus, bactéries, levure… jusqu’à celui de l’être humain. Deux de ses essais font date dans l’histoire de la génétique : La logique du vivant, une histoire de l’hérédité (1970) et Le jeu des possibles, essai sur la diversité du vivant (1986).

La recherche ouvre alors d’immenses espoirs. Par exemple les travaux de l’immunologue Jean Dausset (1916-2009), prix Nobel en 1980, ou ceux de Nicole Le Douarin (née en 1930) en embryologie, médaille d’or du CNRS, ont permis de contrôler le rejet des greffes : on réalise actuellement des greffes multiples, telle celle du cœur, des deux poumons et du foie réalisée en 1990 par l’équipe du professeur Carpentier en 1990. Les recherches sur la stérilité vont sans cesse plus loin, depuis la naissance par fécondation in vitro, en 1982,  d’Amandine, le premier bébé-éprouvette grâce aux équipes du professeur  Frydman (né en 1943) et du biologiste Jacques Testart (né en 1939), suivie de celle du premier bébé issu d’un embryon congelé. Puis viennent, dès 2000, les diagnostics pré-implantatoires qui permettent de déceler, avant implantation, l’embryon qui serait porteur d’une anomalie chromosomique ou génétique.

La fécondation in vitro.

La découverte à l’institut Pasteur, en 1974, de facteurs immunologiques communs au fœtus et aux cellules cancéreuses ouvre la voie à l’immunothérapie, susceptible peut-être de guérir cette maladie. La thérapie génique, étudiée notamment par les professeurs Frydman et Jasmin, ouvre ainsi de multiples voies, celle de guérir, par exemple la mucoviscidose, en remplaçant le gène défectueux par un gène normal, mais aussi de prévenir en détectant les gènes responsable des anomalies cellulaires. C’est aussi cette piste que suit le professeur Axel Kahn (né en 1944) en étudiant le clonage et les Organismes génétiquement modifiés (OGM)

 

Le clonage thérapeutique.

Mais les applications de ces recherches sont multiples. On peut citer, par exemple, les travaux du professeur Jacques Ruffié (1921-2004), hématologue, généticien et anthropologue, qui, en permettant de classer un individu par ses caractéristiques sanguines, vont permettre à la police de retrouver un individu recherché.

Les technologies nouvelles

De nombreux progrès dans l'industrie s’appuient sur toutes ces découvertes. À partir, par exemple, les sciences exactes, mathématiques, physique, chimie, on utilise des « mémoires à plasma », fondées sur l’emploi de gaz ionisés, des mémoires magnétiques. Les métaux « à mémoire de forme », par exemple, sur lesquels travaille, entre autres, Alain Dubertret, promettent de multiples usages, dont rendent compte les intitulés des départements au sein d’un site spécialisé, l’institut Jean Lamour, rattaché à l’Université de Lorraine et au CNRS :

Une vidéo pour découvrir l'institut Lamour : cliquer sur le logo.

L'informatique

 

Mais c’est surtout l’informatique, avec  ses diverses branches, qui marque la recherche des trente dernières années du siècle. Il suffit de lire le rapport remis, en 1978, par Simon Nora et Alain Minc au président Giscard d’Estaing. Son titre, « Informatisation de la société » était prémonitoire, car ils dégageaient déjà le rôle croissant de l’informatique, et les conséquences de sa démocratisation : « « La révolution informatique […] n’est pas la seule innovation technique de ces dernières années, mais elle constitue le facteur commun qui permet et accélère toutes les autres. Surtout dans la mesure où elle bouleverse le traitement et la conservation de l’information, elle va modifier le système nerveux des organisations et de la société toute entière […]. Cette imbrication croissante des ordinateurs et des télécommunications – que nous appellerons "la télématique" ouvre un horizon radicalement neuf […]. »

La compagnie France Télécom est active en ce domaine, grâce aux recherches du Centre National d’Études des Télécommunications (CNET), par exemple à travers l’invention, en 1980, du Minitel, utilisé pour des recherches comme pour des conversations à distance, donc «ancêtre » d’Internet, ou le programme Numeris (réseau numérique à intégration de service, lancé en 1987, qui permet l’échange des voix, des données et des images. En 1990, est inventé le « Bi-Bop », premier téléphone mobile. La télématique pénètre ainsi dans les foyers.

Une vidéo pour en savoir plus sur le rapport Nora-Minc : cliquer sur le lien.

La « puce », ou micro-processeur, entre dans la vie quotidienne, depuis les cartes de crédit, de téléphone… jusqu’aux ordinateurs, de plus en plus petits et de plus en plus performants. Bientôt l’ordinateur qui pense… Les chercheurs travaillent alors sur le langage, comme Patrick Greussay, afin que la machine comprenne l’homme, et sur l’intelligence artificielle : Francis Frydman a fabriqué des programmes de « réseaux neuronaux » et l’ordinateur devient de plus en plus capable de s’auto-gérer. Les applications de ces travaux sont nombreuses, on parle de bureautique, de domotique… et en découlent d’importantes transformations culturelles et sociales, étudiées, de 1981 à 1986, par le Centre Mondial Informatique et Ressources humaines, fondé par Jean-Jacques Servan-Schreiber (1944-2006).

C'est au cours de mes séjours de travail, de plus en plus fréquents, en Amérique et au Japon, que j'ai découvert cet univers tout neuf, pour nous, Français, de l'informatisation. J'ai alors perçu qu'il va tout pénétrer, tout changer - industries, agriculture, services, éducation. Convaincu qu'il était nécessaire d'en savoir rapidement plus long, j'ai participé, pendant trois mois, à des séminaires en Californie, pour mieux m'imprégner de cette nouvelle "révolution" dans les modes de liaisons entre les individus et communautés, cherchant à définir la meilleure ouverture pour une "voie française". Je me suis même fixé, pour un temps, dans la plus avancée des universités américaines en informatique, celle de Carnegie-Mellon, à Pittsburgh. Chaque bureau, chaque chambre, chaque poste de travail, y est doté d'un ordinateur personnel, directement branché sur l'ensemble des banques de données de l'Université et aussi du pays. (Un seul exemple : un étudiant, en fin de cursus, peut, de son ordinateur même, solliciter un poste dans l'ensemble du pays !) Immense progrès, encore inconcevable chez nous.

J.-J. Servan-Schreiber,  Les Fossoyeurs, 1993.

Les activités de recherche à l'Institut Jean Lamour sont organisées autour de quatre départements scientifiques épaulés par des centres de compétences et des services communs pour les aspects techniques et administratifs.

 

Histoire des idées

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Les arts

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Les "nouveaux philosophes" à "Apostrophes", mai 1977. 

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