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Le XXème siècle
Jean Anouilh, Antigone, 1944

Jean Anouilh, Antigone, 1944

C'est à la tragédie antique de Sophocle, Antigone (441 av. J.-C.) qu’Anouilh emprunte le cadre, le sujet et l’héroïne de sa pièce, jouée en 1944. Il y met en scène le terrible conflit qui oppose Antigone, fille d’Œdipe, au roi de Thèbes, Créon. Alors qu'il a interdit d'enterrer, Polynice, jugé coupable d'avoir attaqué la cité et son frère, Étéocle, tous deux s'étant entretués, leur sœur se révolte contre cet ordre royal. Mais ce conflit dépasse le contexte mythologique pour poser une question fondamentale encore  à l’époque d’Anouilh, à l'issue de la seconde guerre mondiale : le pouvoir de la loi de la cité autorise-t-il la transgression des lois morales, non écrites ?

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Albert Camus, Les Justes, 1949

Quand, en 1949, la pièce de Camus, Les Justes, est jouée, le monde sort de la seconde guerre mondiale et entre dans la guerre froide, ce qui conduit de nombreux écrivains à une réflexion sur la violence politique. Camus l’incarne, par un recul historique, à travers l’action de ses personnages, des terroristes russes qui, en 1905, vont fomenter des attentats contre le pouvoir tsariste. À travers leur lutte en faveur d’un idéal de justice et de liberté, il montre aussi leurs doutes et leurs déchirements qui font d’eux de véritables héros tragiques. Ainsi, l’écrivain pose une question récurrente dans son œuvre : la fin justifie-t-elle les moyens ? Y a-t-il des limites à la violence ?

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Paul Claudel, L'Annonce fait à Marie, 1912

Reprenant le terme médiéval de « mystère », conformément au contexte de sa pièce, en quatre actes et un Prologue,  Claudel l’intitule L’Annonce faite à Marie d’après un vers de l’Angélus. Son héroïne, Violaine, est, elle aussi, une femme sanctifiée, même si son baiser d’adieu, accordé par compassion à Pierre, la rend lépreuse, et que, dénoncée par sa sœur Mara, jalouse de son futur mariage, elle se retire dans une grotte au fond de la forêt. Mais, quand Mara lui demande de ressusciter son enfant mort et que le miracle s’accomplit, cela n’apaise pas sa jalousie : elle tue Violaine. Comment Claudel a-t-il mis la dimension religieuse au service du dépassement de la tonalité tragique ?

Jean Cocteau, La Machine infernale, Livre de poche

Jean Cocteau, La Machine infernale, 1934

Jean Cocteau compose La Machine infernale en 1932, et la pièce est jouée en 1934, alors que le fascisme progresse en Europe. Ã‰tymologiquement, le mythe est une « parole Â» : un récit transmis oralement au fil des générations. Chaque narrateur se le réapproprie, le réinvente, le charge d’un sens en accord avec ses propres préoccupations et celles de son époque. C’est ainsi que le XX° siècle, avec Anouilh, Giraudoux, Sartre, reprend les mythes antiques, notamment pendant l’entre-deux-guerres. Pourquoi Cocteau a-t-il choisi le mythe d'Å’dipe, de quel sens nouveau le charge-t-il, et comment réussit-il à le réactualiser ? 

Jean Giraudoux, La guerre de Troie n'aura pas lieu, 1935

Jean Giraudoux, La guerre de Troie n'aura pas lie, 1935

Dans cette pièce de Giraudoux, jouée fin 1935, deux aspects se croisent. Il y a, bien sûr, l’emprunt au mythe antique, dont l’auteur reprend les principaux personnages, Grecs et Troyens, et le contexte, l’enlèvement d’Hélène par un prince troyen. Mais l’œuvre reflète aussi l’époque de son écriture, ces années où se combattent la volonté guerrière et le désir de paix. Par son titre, paradoxal, Giraudoux, semble se ranger dans le camp des pacifistes. À travers les conflits mis en scène, quelle réponse apportera alors le dénouement ? 

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Yasmina Reza,  "Art", 1994

L’achat par Serge d’un tableau d’art moderne, à un prix exorbitant, provoque la dispute mise en scène dans la comédie grinçante, « Art », de Yasmina Reza, jouée en 1994. C’est d’abord son ami Marc, qui conteste l’intérêt de cette toile, puis qui tente d’attirer Yvan, autre ami commun, préoccupé par son mariage proche, dans son camp critique. La dispute quitte alors le domaine de l’art pour devenir un échange de reproches plus profonds, une remise en cause de leur personnalité, de leurs goûts, de leurs choix. Au-delà du débat esthétique, quel sens donner à ce conflit, souvent cocasse ? 

Roblès, Montserrat

Emmanuel Roblès, Montserrat, 1948

Montserrat, pièce d’Emmanuel Roblès, remporte en grand succès lors de sa première représentation en 1948. La pièce, à travers l’évocation de la révolte du peuple vénézuélien contre l’occupation espagnole en 1812, rappelle, en effet, les horreurs de l’occupation nazie dans la France occupée. Le dilemme imposé au héros par le cruel Izquierdo pose la difficile question des choix patriotiques face aux valeurs humaines essentielles. Comment devient-on un résistant ? Comment devient-on un héros ? Tout homme porte-t-il en lui les germes de la barbarie ? Roblès s’inscrit, par cette pièce, dans le courant humaniste qui parcourt le XX° siècle. 

Nathalie Sarraute, Pour un oui ou pour un non, 1981

Nathalie Sarraute, Pour un oui ou pour un non, 1981

Cette pièce de Nathalie Sarraute, créée à la radio en 1981, illustre parfaitement ce qu'elle nomme la « sous-conversation », source potentielle de tous les conflits. Les deux personnages principaux, H1 et H2, se retrouvent, en effet, après un temps de séparation, dû à une simple intonation dans le commentaire « C’est bien, ça », lancé par H1 à l’annonce par son ami d’une promotion dans sa carrière. Ainsi l'expression des griefs des rancœurs et des protestations, en révélant la profondeur psychique, détruit peu à peu tout ce qui avait construit leur relation. Comment, à travers ce conflit, Sarraute met-elle en œuvre les masques du langage ?

Sartre, Huis clos, 1944

Jean-Paul Sartre, Huis clos, 1944

Dans Huis clos, pièce de Sartre représentée en 1944, est mise en scène, à travers la relation entre trois personnage, Garcin, Inès et Estelle, l’image d’un enfer qui les conduit à s’entredéchirer violemment. Pas besoin de flammes, de pals ou de grills, le châtiment des trois coupables, lâche déserteur, lesbienne manipulatrice ou séductrice infanticide, vient de la nécessité de se montrer « nus comme des vers », quand chacun est amené à lire, dans le regard des deux autres, la vérité que sa « mauvaise foi » s’est appliquée à masquer. Comment la progression du dialogue dramatise-t-elle la philosophie de Sartre ?

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