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Création en cours
Jean Giraudoux, La guerre de Troie n'aura pas lieu, 1935
L'auteur (1882-1944) : un humaniste diplomate

Les années de formation
Giraudoux, né en province, dans la petite ville de Bellac, dans une famille modeste, est un pur produit de l’ascension sociale alors permise par l’école. De ses études classiques, son œuvre traduit l’héritage, avec la reprise des mythes grecs, mais aussi le sens de la fatalité tragique. Élève boursier, il quitte sa région natale pour Paris, et entre à l’École Normale Supérieure pour achever des études d’allemand, études interrompues pour effectuer son service militaire en 1902-1903. Mais il n’oublie pas pour autant son origine provinciale, comme en témoigne son œuvre qui, tout en montrant les richesses des campagnes, la proximité de la nature dans des petites villes à taille humaine, n’en cache pas les médiocrités et les commérages…
Les bourses obtenues lors de ses études lui offrent aussi l’occasion de voyager, d’abord en Allemagne, en 1905, puis en Amérique, en 1906. Il mesure alors l’importance d’une fraternité entre les peuples, non seulement en Europe, mais aussi à l’échelon mondial, et, à son retour, décide de faire ses débuts dans le journalisme, au Matin.
Portrait de Jean Giraudoux
La carrière diplomatique
Le tournant dans sa vie est sa réussite, en 1910, au concours des chancelleries, qui le fait entrer dans la carrière diplomatique. Mais la guerre éclate, il est mobilisé, combat sur le front français, puis aux Dardanelles, est blessé à deux reprises, puis, en 1916-1917, participe à des missions d’instruction, d’abord au Portugal, ensuite en Amérique. De cette expérience, il retire une horreur absolue de la guerre, que l’on retrouve notamment dans ses "récits de guerre", publiés entre 1916 et 1920, et dans La Guerre de Troie n’aura pas lieu.

Jean Giraudoux, soldat en 1917

Jean Giraudoux, romancier et auteur dramatique
Après la guerre, Giraudoux reprend sa carrière diplomatique, effectuant plusieurs missions à l’étranger, notamment à Berlin, en 1924, en Turquie en 1926, et de nombreux voyages, qui renforcent sa conviction pacifiste, manifestée par exemple lorsqu’il accompagne le président du conseil Édouard Herriot à la conférence de Lausonne qui tente, en 1932, d’écarter la menace de guerre. C’est aussi l’époque où il fait paraître ses premiers romans, Suzanne et le Pacifique (1921), Siegfried et le Limousin (1922), Bella et Simon le pathétique (1926), et, à la suite de sa rencontre avec le grand metteur en scène et acteur, Louis Jouvet, ses premières pièces : Siegfried (1928), Amphitryon 38 (1929), Intermezzo (1933). Devenu, en 1934, inspecteur des postes diplomatiques et consulaires, ses nombreux voyages au Moyen-Orient, en Égypte, dans les pays baltes, en Amérique, centrale et du Nord, en Polynésie, l’amènent à mesurer les risques de guerre qui s’accentuent, et il manifeste son amertume devant la médiocrité des hommes de pouvoir.
Il poursuit parallèlement ses créations au théâtre, avec La Guerre de Troie n’aura pas lieu, en 1935, Électre (1937), Ondine (1937). En entrecroisant le registre tragique et la fantaisie, irréelle et poétique, les sujets empruntés à l’antiquité et ceux qui s’inscrivent dans le monde contemporain, il souligne une forme d’éternité de la nature humaine : indépendamment des époques, les mêmes questions se posent, se heurtent aux mêmes faiblesses de l’homme mais aussi à sa même aspiration au bonheur.
En juillet 1939, Giraudoux est nommé Commissaire général à l’Information, mais, quand la guerre éclate, après avoir suivi pour un temps le gouvernement, il demande à partir à la retraite en janvier 1941, refusant de participer au régime de collaboration mis en place, mais aussi de quitter la France. Il poursuit ses travaux littéraires, notamment avec La Folle de Chaillot, jouée après sa mort, en 1945, et participe à des adaptations cinématographiques en tant que directeur littéraire dans la société Gaumont.
Le contexte de l’œuvre : "l’Entre-deux-guerres"
Jouée en novembre 1935, la pièce doit être rattachée aux circonstances historiques : cette époque troublée voit la montée des risques de guerre, malgré tous les efforts pour maintenir la paix.
Pour en savoir plus sur cette époque
Les efforts en faveur de la paix
Après la première guerre mondiale, ses morts, ses blessés et ses destructions, chacun semble souhaiter que ce soit « la Der des Ders », mais, pour cela, il faut apaiser les conséquences du Traité de Versailles signé le 28 juin 1919 entre les alliés, mais que l’Allemagne ne ratifie pas, car elle se sent très humiliée par les conditions imposées.
La fondation de la SDN
En 1925, les accords de Locarno conduisent à l’évacuation de la Ruhr, grâce à l’action d’Aristide Briand, qui reçoit le prix Nobel de la Paix. En 1926, c’est la Rhénanie qui est évacuée, et l’Allemagne entre à la Société des Nations, fondée en 1920. Enfin, la conférence de Lausanne, en 1932, sur le désarmement, amène la France à renoncer aux « dommages de guerre » encore dus par l’Allemagne. Une nouvelle conférence tripartite à La Stresa, en avril 1935, marque l’union de la France, de l’Italie et de la Grande-Bretagne pour empêcher la guerre. Enfin, la SDN intervient, en août 1935, après l’attaque et l’annexion de l’Éthiopie par Mussolini, pour arbitrer « l’affaire éthiopienne », nouvelle menace de guerre.

Le défilé d'une ligue fasciste à Paris, en février 1934
