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Deux notions essentielles à l'analyse littéraire.

Présentation de ces deux notions

Reconnaître le genre littéraire

 

Cette identification permet au lecteur de s'appuyer sur des critères d'analyse semblables pour un ensemble d'oeuvres. Par exemple, le roman est un récit, pris en charge par un narrateur, tandis que le théâtre se fonde sur le discours d'un ou plusieurs personnages mis en scène. De cette appartenance à un genre découlent les questions qui se posent face à l'oeuvre : dans le premier cas le lecteur cherchera à identifier, entre autres, le point de vue du narrateur, dans le second il s'interrogera sur la forme du discours ou les stratégies de mise en scène.
Bien sûr, la notion de genre reste une convention littéraire, une tradition, héritée de la Grèce antique. C'est le philosophe Aristote (384-322 av. J.-C.) qui, dans sa Poétique,  a cherché à ordonner, à classifier les oeuvres de son temps, en s'intéressant au théâtre et à la poésie. Cependant, cette convention n'est pas figée, les genres ont évolué, ils se sont diversifiés, des formes nouvelles sont nées, et les écrivains les ont même remis en cause. Par exemple, la poésie s'est peu à peu libérée des règles de la versification jusqu'à adopter la prose. Mais la transgression de cette norme initiale n'empêche pas le lecteur de continuer, dans la poésie libre, à observer deux critères fondamentaux du genre : le rythme et les sonorités...

Autre choix de transgression, l'écrivain a parfois mêlé plusieurs genres dans une même oeuvre. Rien n'interdit, par exemple, d'introduire un poème dans du théâtre, comme le fait Molière dans Le Misanthrope. Mais, là encore, cette originalité, dont il convient d'interpréter l'intention, ne supprime pas l'analyse formelle propre à chaque genre identifié.

Quatre genres peuvent servir de base à cette analyse, eux-mêmes divisés en catégories. Mais, au cours de l'analyse des textes, d'autres genres seront présentés.

La tonalité littéraire

 

A la notion de registre littéraire, pour éviter la confusion avec le "registre de langue", on préfère aujourd'hui celle de tonalité, qui concerne tous les genres. Elle permet de caractériser un texte en fonction des intentions de l'auteur, des effets qu'il cherche à produire sur son lecteur. Veut-il le faire sourire, rire ? C'est la tonalité comique qui, au théâtre, fonde la comédie, mais peut aussi soutenir la satire dans un roman. Veut-il exprimer ses sentiments personnels, les partager avec son lecteur ? C'est la tonalité lyrique, fréquente dans la poésie, mais que l'on peut aussi reconnaître dans un monologue au théâtre. Ajoutons à cela que les tonalités peuvent se mêler dans une même oeuvre, voire dans un même extrait.

Attention, cependant, à ne pas confondre le registre littéraire et le registre de langue. Familier, courant ou soutenu,  il concerne, lui, les choix lexicaux et morpho-syntaxiques. L'observation du registre de langue peut, toutefois, aider à étudier un registre littéraire. Le tragique, par exemple,  a longtemps adopté un registre de langue soutenu, tandis que le comique, lui, s'appuie sur une langue plus familière.

Enfin, même si elles ne sont pas strictement liées à une époque mais traversent toute la littérature, certains mouvements littéraires ont privilégié telle ou telle tonalité, comme le romantisme avec le lyrisme.

Dans chaque registre - ou tonalité - , on analyse le/s thème/s qui prédomine/nt, les modalités de représentation du sujet - ou des sentiments - et les procédés stylistiques récurrents. Ce sont des indices précieux pour interpréter une oeuvre. 

Le roman
Le théâtre

Le roman est un genre littéraire tardif. Même si certaines oeuvres antiques, tel Le Satiricon de Pétrone (14-66) en latin ou des récits de Lucien de Samosate (120-post 180) en grec peuvent déjà être considérées comme des romans, la définition de ce genre ne se fixe qu'au XII° siècle. C'est un récit en prose, écrit en langue romane (ancêtre du français, mais langue "vulgaire" par rapport au latin), qui raconte une crise vécue par un héros/une héroïne.

À l'origine, le récit était réservé à l'épopée. Cela donne au roman trois caractéristiques initiales :

  • écrit en vers, il fait intervenir le merveilleux et reproduit les valeurs religieuses de son temps ;

  • il raconte les exploits d'un héros, exceptionnel par sa force physique, psychologique et morale ;

  • il met en scène des personnages secondaires, nombreux et représentatifs du cadre socio-historique et des valeurs propres à la société qu'il reproduit.

Mais, peu à peu, le roman évolue. Il rejette le merveilleux pour privilégier le contexte de son époque. La prose remplace le vers, et le héros se "normalise", ou, inversement, devient un "anti-héros", voire disparaît.

 

Cependant, dès sa naissance, le roman subit une triple condamnation, qui pèsera longtemps sur ce genre littéraire, jugé inférieur aux autres :

  • une condamnation historique : contrairement au théâtre ou à la poésie, il ne remonte pas à l'antiquité classique, de  plus, il est écrit en "langue vulgaire", celle du peuple.

  • une condamnation morale : il montre des héros "en crise", donc met l'accent sur les faiblesses de l'homme. Il ne favoriserait donc pas les plus nobles vertus, mais encouragerait les mauvaises moeurs. Ainsi, sa lecture reste longtemps interdite aux jeunes filles !

  • une condamnation sociale : paradoxalement, avec ses invraisemblances et, surtout, son goût pour les péripéties amoureuses, il est considéré comme indigne des hommes, tout juste bon à divertir des femmes...

Pour approfondir, voir l'onglet "roman".

 

Le théâtre antique: Epidaure.

Le "koilon" : gradins pour répartir le public

L'orchestra, où se déplace le choeur :.en son son centre, l'autel de Dionysos

Le proskénion, où jouent les acteurs

La skénè, bâtiment qui sert de décor, et renferme les loges

 

 

Le théâtre antique d'Epidaure, en Grèce

Étymologiquement, le mot "théâtre" vient du verbe grec qui signifie "regarder", ce qui pose la particularité de ce genre littéraire : l'oeuvre est destinée à être représentée.

Ainsi l'analyse oblige à considérer à la fois le texte et la représentation. On parle alors de double énonciation, puisque l'auteur fait parler ses personnages, entre eux ou seuls, mais s'adresse aussi directement à son lecteur, par exemple pour lui donner des indications sur les déplacements, les gestes, l'intonation. Ces indications forment les didascalies, et conduisent le lecteur à s'interroger sur la mise en scène.

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Il faut également tenir compte, dans l'analyse, de l'héritage antique. Par exemple, le fait que les représentations se déroulaient lors de fêtes religieuses nous interroge sur le rôle du sacré au théâtre. Elles donnaient lieu à des concours, ce qui explique la reprise de thèmes mythologiques autour desquels les auteurs proposaient leur interprétation. Même les formes variées du dialogue, courtes répliques, longues tirades, existaient déjà dans le théâtre grec.

Pour approfondir, voir l'onglet "théâtre".

La poésie

Le mot "poésie" vient du verbe grec "poïeïn" qui signifie "faire", dans le sens de "fabriquer". Ainsi, le poète peut être comparé à un artisan : avec son matériau, les mots, et ses techniques propres - pendant longtemps, la versification, par exemple - il fabrique un objet, le poème, à la fois unique, beau et utile. Cette origine souligne déjà le travail exigé par la création poétique.

Mais l'antiquité grecque donne à la poésie une autre dimension, plus complexe, à travers le mythe d'Orphée.

Corot, "Orphée ramenant Eurydice des enfers", 1861.

Corot, Orphée ramenant Eurydice des enfers, 1861.

Huile sur toile, 112 x 137. Museum of the fine arts, Houston.

L'une des neuf muses, Calliope, unie à un mortel, donne naissance à un fils, Orphée, auquel Apollon offre une lyre. Ce premier geste place Orphée sous la protection de ce dieu de la lumière, des arts et de la divination. Le mythe affirme ainsi la supériorité du poète, inspiré par les muses et interprète des dieux, idée souvent reprise, par exemple par les poètes romantiques au XIX° siècle. La mention de l'instrument, la lyre, nous rappelle aussi qu'à l'origine la poésie s'associe à la musique. Pour l'analyser, il convient donc d'en observer les rythmes et les sonorités.
Mais Orphée perd sa bien-aimée, Eurydice. Grâce à son chant, il parvient à charmer les êtres infernaux, et obtient du dieu Hadès le droit de ramener Eurydice à la lumière
. Nouvelle preuve de la supériorité quasi magique du poète... Mais Orphée ne respecte pas la condition posée : ne pas la regarder sur le chemin du retour au monde des vivants. L'amour n'est-il pas, pour le poète, une force absolue, un des thèmes essentiels de sa création ?

Après avoir perdu définitivement Eurydice, Orphée sombre dans une profonde tristesse. Il chante sa douleur, posant ainsi une des fonctions de la poésie. Mais, de ce fait, il reste sourd à toute séduction. Pour le punir, les Bacchantes, prêtresses du dieu Dionysos, déchiquettent son corps, et jettent sa tête dans le fleuve Euros. Le poète devient alors le maudit, celui qui souffre et qui se trouve rejeté avec violence, image reprise au XIX° siècle. Mais le mythe ajoute qu'enterrée au pied du mont Olympe, la montagne des dieux, sa tête continue à chanter. N'est-ce pas là le symbole de l'éternité de la création poétique ?

Pour approfondir, voir l'onglet "poésie".

L'essai

Faire un "essai", c'est faire une tentative, voire, dans le domaine scientifique, expérimenter de façon concrète une théorie pour décider de sa valeur, ou, au contraire, la rejeter. En littérature, l'essai, oeuvre en prose, se distingue de la fiction, dans la mesure où l'auteur exprime ses propres réflexions, et tente de convaincre son lecteur de leur justesse.

 

Mais l'essai est-il vraiment un genre littéraire ?

 

Bien sûr, les auteurs d'essais ne sont pas tous reconnus comme des écrivains : certains sont d'abord des hommes politiques, des médecins, des sportifs, des journalistes... en fonction du thème qui les intéresse. Ils ne prétendent pas, d'ailleurs, faire une oeuvre littéraire.

 

Pourtant, il convient de reconnaître que l'essai correspond à la volonté d'argumenter, et qu'en cela il se rattache à de nombreuses, et anciennes, pratiques littéraires : les discours politiques des orateurs grecs, comme Démosthène, ou latins, comme Cicéron, les réflexions des moralistes du XVIIème siècle pour définir "l'honnête homme", tout comme les Salons de Baudelaire, qui rendent compte des oeuvres d'art, peuvent être considérés comme des formes variées de l'essai. Tous se rejoignent, en effet, par des caractéristiques qui relèvent de la littérature :

  • Dans l'essai, la dimension subjective s'affiche, l'auteur ne reste pas neutre, il s'implique souvent dans son argumentation, s'appuie, par exemple, sur des lectures personnelles ou sur des épisodes de sa propre existence qu'il raconte, comme le ferait un roman autobiographique.

  • Comme l'essai cherche à convaincre, l'auteur utilise tous les procédés d'écriture qui peuvent renforcer sa thèse et ses arguments. Il est aussi amené à se confronter à ses adversaires. L'essai peut alors devenir un débat, là encore avec toutes les ressources littéraires qui peuvent le rendre vivant, et persuader le lecteur.

 

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Pour approfondir, voir l'onglet "essai".

Montaigne, "Essais", frontispice.
Montaigne, "Essais", manuscrit corrigé.

Les Essais de Montaigne,

un modèle du genre

Orphee
Les registres littéraires littéraie

la tonalité comique

la tonalité tragique

la tonalité pathétique

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Ia tonalité lyrique

Ia tonalité épique

la tonalité épidictique

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le fantastique

le merveilleux

la tonalité polémique

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Il est malaisé d'établir une liste de tonalités (ou registres), pour deux raisons. D'une part, certains registres tendent à se confondre avec le mouvement littéraire qui les a privilégiés. Par exemple, le "registre réaliste" est ainsi nommé à partir du moment où les écrivains du XIX° siècle fondent ce courant. Mais, bien évidemment, sans se considérer comme des auteurs réalistes, bien des auteurs avant ou après cette époque ont choisi d'accentuer la dimension réaliste de leur oeuvre...
D'autre part,
certains registres peuvent être subdivisés, en fonction des nuances dans le thème abordé ou les procédés mis en oeuvre. Ainsi la tonalité élégiaque peut être considérée comme une forme de lyrisme, les tonalités ironique, satirique, burlesque sont des variations à partir du comique...

                                                                                                                                                                   Pour approfondir, voir l'onglet "registres".

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